Ben U Sen, quartier illégal consolidé
En Turquie, les villes connaissent aujourd'hui de fortes mutations liées à la croissance démographique, au développement économique et à l'augmentation du niveau de vie. Ce développement urbain est assuré par des opérateurs privés et par l'agence nationale du développement de l'habitat - le TOKI.
Dans cette course au logement, les opérations de renouvellement des quartiers illégaux et identifiés comme insalubres (gecekondu en turc) sont souvent assez radicales, avec démolition, relogement des populations en périphérie et constructions d'immeubles collectifs de 5 à 15 étages.
La Municipalité Métropolitaine de Diyarbakir, ville principale de l'est anatolien en Turquie comptant près d'un million d'habitants, a avec le soutien du TOKI la volonté de résorber les gecekondu. Reconnaissant par ailleurs l'intérêt de ce tissu urbain et de son adaptation au mode de vie des populations immigrantes qui y sont installées, le Maire de Diyarbakir envisage de lancer une opération pilote sur Ben U Sen, l'un des plus ancien et aujourd'hui le principal gecekondu de la Ville avec une population estimée à 20 000 habitants. Le quartier est situé au pied des murailles qui enserrent le centre historique et surplombent les jardins maraichers de la vallée du Tigre, en frange de la zone urbanisée de la ville. Le caractère innovant de cette opération est le souhait de maintenir sur place la plus grande partie des habitants actuels, et plus généralement d'expérimenter de nouvelles manières d'intervenir sur les gecekundu en Turquie.
Cette volonté est partagée par le Maire de Yenisehir (entité administrative sur laquelle est situé Ben U Sen), encouragée par le Maire de Rennes, avec qui des liens forts de coopération existent depuis près de 30 ans, et soutenue par l'Agence Française de Développement. Ces partenaires ont ensemble sollicité l'association Les Ateliers Internationaux de Maitrise d'oeuvre urbaine de Cergy-Pontoise pour l'organisation d'un atelier de production collective réunissant des professionnels locaux avec des professionnels d'autres pays pour travailler sur les potentiels d'évolution du quartier de Ben U Sen, et proposer des processus d'intervention permettant de maintenir sur place la population. Il est prévu et souhaité par tous les partenaires d'associer le TOKI à ce projet, pour que ces travaux puissent contribuer aux réflexions actuelles de l'agence nationale sur le renouvellement de ses pratiques.
équipe
Marc Errera, architecte-urbaniste, Belgique,
Marie-Marie Pénicaud, paysagiste, France,
Zeynep Sıla Akıncı, urbaniste, Turquie,
Albin Lazare, sciences politiques, France
Nicolas Détrie, Ancien directeur des Ateliers, France