26 octobre 2022
40 ans des Ateliers : Témoignage d'avenir de Bertrand Warnier
Fondateur des ateliers avec Michel Jaouen et Michel Gaillard à l’époque où il était responsable de l’urbanisme de la l’établissement public de la ville de Cergy-Pontoise , Bertrand Warnier a rappelé les motivations profondes qui ont été à la source de cette création originale en France, et son évolution depuis 40 ans au cœur de l’agglomération.
Pour illustrer son propos, il a lu un texte de Michael Jakob qui pour lui se rapproche de l’identité des Ateliers.
« Parler d’une attitude engagée, serait-ce surprenant ? Le centre de l’activité des univers créatif réside dans la création d’un autre monde et dans la volonté d’embellissement du monde. Dans les domaines traditionnels de l’art, de la peinture, de l’architecture ou de la sculpture et du cinéma le BEAU apparait comme une qualité démodée.
En effet dans le contexte d’une situation contemporaine marquée par la banalisation et la standardisation croissante des zones bâties, agir afin que l’environnement dans lequel nous vivons devienne plus habitable représente un acte de résistance ."
Et c’est effectivement ce qu’il a fait avec la planification de 1965 qui visait à rompre avec le développement radio concentrique de la région, mais sans succès. Il a réussi, par contre, l’installation d’une ville nouvelle sur la base du paysage (devenue la ville-paysage), et aussi la mobilisation des jeunes générations pour anticiper l’avenir des ateliers.
L’acte de résistance est fait aussi d’actions ponctuelles comme l’attention portée au moindre bout de terre, à un jardin, ou à une place. Bertrand a alors fait le rapprochement avec les différentes échelles à laquelle les Ateliers travaille. La magie réside dans la possibilité de redonner du sens à un lieu c’est-à-dire à prendre soin de notre environnement vécu, ce qui est loin d’être garanti ajoute-t-il.
Bertand Warnier, après avoir rendu hommage au théoricien de l’urbanisme Michael Jakob, a conclu ce 40ème anniversaire par quelques mots sur l’avenir des ateliers.
En faisant le constat qu’au début des ateliers, dans les années 1980, il n’y avait que des garçons, et que l’Europe du Nord et du Sud avait des objectifs très différents : l’écologie pour le nord, alors que pour le sud c’était la forme urbaine. Depuis les années 2000, les ateliers ont attiré une forte dominante féminine, avec des changements d’échelles dans les programmes. Quant à aujourd’hui, en 2022, il a remarqué que la majorité des participants est devenue végétarienne.
N'est-il pas curieux, a-t-il conclu, qu’au moment où l’on prône le Zéro artificialisation nette, 37 % du territoire disponible au niveau mondial soit dédié à l’élevage alors que l’espace habité n’occupe que 1% ? Ce qui signifiera sans nul doute pour les humains encore plus de surconcentration et de surdensité. On donne donc priorité à la viande et non pas à la qualité de vie.